Salvador Dali croyait en Dieu. Son œuvre pictural reflète un troublant mysticisme esthétique, qui met en scène les symboles majeurs de la religion catholique et, plus fréquemment, la figure sacrée de la Vierge Marie, incarnée par l’incontournable muse Gala, sublimée à l’extrême. Lorsque le génial artiste catalan créait la première version de la «Madone de Port Lligat», il s’était adressé à Pie XII, qui l’avait reçu en audience le 23 novembre 1949 au Vatican.

Le 2 mai 1959, Dali a pu rencontrer, toujours à Rome, le «bon Pape» Jean XXIII, qui a été canonisé le 27 avril 2014 en même temps que le charismatique Polonais Karol Wojtyla, qui a marqué l’Histoire sous l’appellation : Jean-Paul II. Considéré comme un «pape de transition», Angelo Roncalli (76 ans) venait de convoquer le deuxième concile, qui allait s’ouvrir la 11 octobre 1962 sous le nom de «Vatican II». L’audience accordée à Dali eut comme conséquence directe l’inspiration de deux toiles emblématiques, entamées dès 1960 : «le Concile œcuménique» et «Explosion de la Foi mystique au centre de la Basilique Saint-Pierre»….. Il fallait attendre 2013 pour comprendre le caractère explosif de ces 2 œuvres prémonitoires. Elles préfigurent les profondes tourmentes de l’Eglise romaine, qui ont suscité le départ inattendu du Benoît XVI à la date significative du 11 février 2013.

L’analyse iconographique des toiles vaticanes de Dali met à jour des faits troublants, dont il faudra retenir qu’ils constituent la projection chaotique du «Livre de l’Apocalypse», réalisé par Dali et six autres grands artistes de renom (Bernard Buffet, Leonor Fini, Foujita, Pierre-Yves Trémois, Georges Mathieu et Ossip Zadkine). Cet ouvrage immense au format de 86 x 78 cm fut le livre le plus lourd (210 kilogrammes) de l’époque. Conçu à Paris et à Cadaqués entre 1958 et 1961, ce «livre sacré» avait été béni le 25 février 1962 à Rome par Jean XXIII avant d’entamer un glorieux tour du monde et susciter l’adoration de 4 millions d’admirateurs fervents.


L’auteur Roger Erasmy avec le Livre de l’Apocalypse de Dali

La composition des deux tableaux de 1960 mérite quelques commentaires. Le «Concile Œcuménique» montre l’ambiance agitée de l’assemblée des cardinaux mitrés, divisés en groupuscules. Sous la voûte de la basilique Saint-Pierre surgit une monstrueuse figure diabolique mâle nue. Sous les remous de la tempête apparaît Gala, munie d’un crucifix face au peintre-prophète, qui se prépare à fixer sur une toile vierge le scénario d’un futur incertain. Au-dessus de lui, le ciel se dégage. Cette troublante mise en scène annonce d’une manière éloquente les tourments de l’Eglise et le pressentiment démoniaque du phénomène gay.

"Concile Oecuménique" (Dali, 1960)

Quand le Ciel s’en mêle ! L’autre tableau se distingue par la précision historique de son contenu explosif. Car la grande toile de «L’explosion de la Foi au centre de la Basilique Saint-Pierre» (225 x 163 cm) correspond exactement aux événements considérables qui ont ébranlé l’année passée l’Histoire mouvementée du Vatican. L’œuvre de Salvador Dali représente une violente déflagration, qui se produit dans le plus important sanctuaire de la chrétienté. Le message est d’une redoutable exactitude historique. Souvenez-vous. Le soir du 11 février 2013, jour de la démission du pape Benoît XVI, la foudre a frappé la basilique Saint-Pierre de Rome. Le signal est irréfutable, prémonitoire.


"L'Explosion de la Foi au centre de la Basilique Saint-Pierre"

Des sondages d’opinion récents ont indiqué une forte chute de la foi dans les sociétés de l’Europe occidentale, doublée d’un profond scepticisme concernant le rôle positif de la religion, facteur de division. Depuis quelques années, le scandale incessant de la pédophilie dans les rangs planétaires de l’Eglise catholique, la révélation d’un lobby gay et les dérives à répétition de la Curie romaine comme aussi de la Banque du Vatican ont sérieusement terni l’image de l’Eglise de Rome.

Elu le 13 mars 2013, le pape François a inauguré depuis un an une nouvelle ère, qui semble vouloir bousculer les habitudes d’une société occidentale déchristianisée, voire corrompue, attachée aux valeurs pernicieuses de l’argent. Ce souverain pontife simple venu du bout du monde pourra-t-il changer une institution conservatrice ancrée à ses dogmes rétrogrades ? Le déclin des riches économies occidentales ouvre des perspectives nouvelles aux nations pauvres, qui émergent dans l’hémisphère sud.

Au moment de l’entrée de deux papes méritoires au panthéon céleste, l’Eglise vit un moment historique. L’événement a réuni à Rome 2 papes vivants : François I et Benoît XVI, présents à la canonisation de leurs prédécesseurs, réputés pour leur simplicité et leur action réformatrice. Décidément, le monde change, conformément aux prémonitions du visionnaire Salvador Dali ●

Info : Roger Michel Erasmy, auteur du «Codex Dalianus » (Dali décodé) 27 avril 2014

Voir aussi,le billet "HABEMUS PAPAM FRANCISCUM" du 18 mars 2013