L'Antenne mobile de la Gare de Perpignan : une Vedette de l’Art fantastique

"Le Mystique de la Gare de Perpignan" (Dali, 1965)

Voici l’histoire du «Wagon de Dali». A l’origine, il y eut le flair paranoïaque-critique de Salvador Dali, qui avait découvert en 1963 dans la principale station ferroviaire du Roussillon le «Centre de l’Univers», plaque tournante de sa cosmogonie créative. En 1965, le surréaliste catalan a peint un tableau emblématique intitulée «Le Mystique de la Gare de Perpignan» (▲reproduit ci-dessus). Dali a voulu rendre un hommage pictural grandiose à la station ferroviaire en considération des services logistiques qu’elle avait rendus pendant des décennies flamboyantes à sa cause artistique. Depuis les années 1950, Dali avait utilisé la gare française de Perpignan pour expédier ses oeuvres magistrales à sa clientèle nantie des USA. Il s’agissait de se soustraire au contraignant contrôle du régime franquiste. Pendant que Gala, incomparable muse et femme d’affaires avisée, s’occupait de l’enregistrement des précieux tableaux et des formalités douanières, le génial peintre-visionnaire rôdait dans la gare.

L’examen méticuleux des installations de ce monument ferroviaire étrange l’avait convaincu qu’il se trouvait ici devant la représentation symbolique de la bible du monde. La Gare de Perpignan fut la plus importante découverte de la méthode paranoïaque-critique de Salvador Dali. D’abord clef de l’argent d’une vertigineuse réussite internationale et portail du nouveau monde, la station est devenue un incontournable laboratoire de l’exploration surréaliste, véritable cathédrale d’inspiration. Le génial peintre catalan doit beaucoup à la gare de Perpignan, en idées et en intuitions. Suite à une extase cosmogonique, Dali a décrété en 1963 que la station constituait le «Centre de l’Univers». Ce délirant concept a fait le tour du monde comme une déconcertante communication télépathique.


Dali peint son tableau ferroviaire
. Atelier de Cadaqués (été 1965)

Le maître du Surréalisme tenait à dédier à ce haut-lieu de la radiation paranoïaque-critique une œuvre significative. A la suite d’un voyage triomphal effectué le 27 août 1965 dans le Roussillon, Dali a trouvé ici l’inspiration d’un tableau emblématique intitulé: «Le Mystique de la Gare de Perpignan». Présentée en décembre 1965 à New York, l’œuvre a transité par Paris au gré des aléas du marché de l’art et se trouve depuis 1978 au célèbre Musée Ludwig de Cologne (D). Structurée en forme de Croix de Malte, la toile monumentale (406 X 295 cm) montre une projection érotique du célèbre couple de «L’Angelus» de Millet, disposée autour d’une tête lumineuse du Christ crucifié. Au-dessus de cette explosion mystique, le peintre a reproduit un curieux fourgon ferroviaire. Il s’agit du «Wagon de Dali». Ce modèle ferroviaire hybride a été déclassé en 1975.

Le fourgon a été retrouvé en 1986 par l’écrivain-exégète Roger Erasmy derrière la Gare de Perpignan. Le véhicule était à l’abandon, livré aux intempéries et habité par un clochard. Le propriétaire, les Transports Raymondis – dont le nom figure sur la toile de 1965 – s’est laissé con-vaincre de transformer le modèle ferroviaire rail-route en plate-forme culturelle active. Transféré en 1994 au sud des Pyrénées, le «Wagon de Dali» a été utilisé dans le contexte touristique du «triangle dalinien» de la région Ampurdan-Costa Brava comme «plus petit espace surréaliste du monde». Le fourgon est devenu rapidement une curiosité à haut impact médiatique.


Le "Wagon de Dali" transformé en espace culturel actif (Perpignan 2004)

Pendant dix ans, le «Wagon de Dali» a fonctionné en Espagne et dans le midi pyrénéen comme espace culturel vivant, mis au service de la promotion de l’Art fantastique. A la suite du Centenaire Dali de 2004, le fourgon surréaliste a été transporté en Bavière pour servir de plate-forme promotionnelle au mouvement créatif «Les Héritiers de Dali», fondé en juin 2004 par Roger Erasmy à Lyon. Depuis le mois d’octobre 2005, le «Wagon de Dali» fonctionne comme antenne mobile de la Gare de Perpignan. Cette attraction populaire produit des effets magiques entre Munich, Ratisbonne et la frontière autrichienne en drainant des milliers d’amateurs d’Art friands d’événements daliniens. La 7e présentation du fourgon aura lieu en 2013 dans le cadre de l’exposition «Ludwig I und die Befreiungshalle», organisée par la ville historique Kelheim s/Danube avec le concours des «Héritiers de Dali». La fascination pour ces talentueux créateurs d’inspiration surréaliste promet un succès grand public ●

Contact «Wagon de Dali» : Roger Michel ERASMY ● www.erasmy-dali.com