Les visions de Salvador Dali se confirment

L’actualité géopolitique apporte aux redoutables prémonitions de Salvador Dali des preuves irréfutables. Le résultat des élections législatives, remportées par le PS, a renforcé le président Hollande dans la confortable position de chef d’Etat disposant de tous les pouvoirs : l’Elysée, l’Assemblée Nationale, le Sénat, les Régions. Ce privilège lui attribue une responsabilité particulière dans le redressement de la France et la reconstruction de l’Europe (en crise aigüe).

Au lendemain du 2e tour des législatives, le chef de l’Etat est parti pour un tour du monde, qui l’amenait du G20 de Los Cabos (Mexique) au Sommet de la Terre de Rio avant de se terminer à Rome dans le but de préparer à 4 le sommet crucial de l’Union Européenne de Bruxelles, fixé aux 28-29 juin 2012. Les résultats de ces réunions internationales réclament quelques commentaires, puisqu’elles s’inscrivent dans les visions désastreuses de Salvador Dali.

1° Le G2O mexicain fut dominé – une fois de plus – par la crise de la monnaie européenne, suivie d’une déclaration commune de bonnes intentions allant dans le sens d’un accord général sur le renforcement de la croissance. La dégradation progressive des économies européennes est devenue un sujet d’inquiétude majeur. En attendant que les pieuses recommandations du G20 se réalisent, les réalités européennes prennent des dimensions angoissantes.

Le sommet européen de Bruxelles des 28 et 29 juin 2012 sera consacré au «pacte de croissance». Cette "réunion cruciale" (la 19e depuis 2009) se déroulera sans la Grèce, qui constitue pourtant la principale menace pour l’éclatement de la zone Euro. Les élections grecques du 17 juin ont permis de former un gouvernement d’union nationale, appelé à poursuivre les réformes nécessaires à l’obtention de l’aide internationale. Le nouveau Premier ministre grec Antonis Samaras et le nouveau ministre des finances Vassilis Rapanos, souffrants, seront absents de Bruxelles. Les Européens doutent de la capacité de la Grèce de se maintenir dans l’Euro. On devine les conséquences pour l’ensemble de l’Union des 27.

L’Espagne, autre grand malade de l’Europe, donne des signes de faiblesse récurrents. Le 25 juin 2012, l’agence de d’évaluation financière Moody’s a abaissé de un à quatre crans 28 banques espagnoles. A noter que Moody’s avait dégradé le 13 juin de trois crans la note d’endettement de l’Espagne à «Baa3 », juste au-dessus de la catégorie «spéculative». Lundi dernier, 25 juin, l’Espagne a finalement déposé une demande d’aide auprès de l’Eurogroupe. Les 62 milliards d’euros attendus sont destinés à recapitaliser les banques, ruinées du fait de la crise immobilière. Le message est clair : sauver l’Espagne correspond à sauver l’Europe, du moins provisoirement. Car les prémonitions de Dali vont se réaliser. La fracture placée par l’artiste dans sa toile ► «Enlèvement topologique d’Europe» de 1983 correspond au tracé tourmenté de l’autoroute A9 «la Catalane». C’est par là que passe la totalité des échanges commerciaux de l’ Espagne avec l’Europe. "L'enlèvement d'Europe" constitue un avertissement dalinien de mauvais augure ► (Lire aussi le billet "Europe : les difficultés de l'Espagne" du 12 juin 2012).

"L'enlèvement topologique d'Europe" (Dali, 1983)

2° le sommet de Rio fut marqué par le concept ambigu de l’économie verte, avancé par les pays riches. Défendu par les leaders de la finance mondiale infiltrés dans les agences de l’ONU, cette notion floue a été réfutée par les pays émergents, qui voient dans cette idéologie néolibérale un frein pour leur développement économique. Le salut de planète est mal engagé. 20 années après le premier sommet de Rio en 1992, les émissions de CO2, principal responsable du changement climatique, ont augmenté de 36 % ! Les graves problèmes de l’environnement étaient passés au second plan pendant les récentes campagnes électorales. L’absence à Rio des dirigeants des grands pays pollueurs (USA, Chine, Russie) illustre la valeur réelle des conclusions du sommet brésilien, déconnectées des enjeux planétaires, faute d’engagement.

La «Réminiscence archéologique de l’Angélus de Millet» de Dali annonce les ruineuses conséquences pour la Terre ●

Roger Michel Erasmy