Où va l'Euro ?
Les difficultés de l’Espagne

Depuis 1985, nous étions prévenus, compte tenu des redoutables présages de Dali. Voici les faits. A l’occasion de la signature du traité d’adhésion de l’Espagne à la Communauté Européenne, Madrid a voulu faire très fort. Pour impressionner les délégations des 12 Etats membres de la CEE réunies dans la capitale espagnole, le gouvernement espagnol avait appel à Salvador Dali, plus grand peintre espagnol vivant. A Madrid, tous les représentants signataires du traité ont reçu une luxueuse reliure contenant une œuvre d’Art spécifique, signée par le célèbre artiste catalan. Il s’agissait de planches illustrées, réalisées à l’encre de Chine, en fait des gravures maladroites, intitulées «série Torero». En Espagne, pays de la tauromachie, le thème des «toros» paraissait logique. Dali avait 81 ans, sa créativité avait sérieusement décliné depuis le décès de sa muse Gala, disparue le 10 juin 1982.

L'étrange cadeau de Dali à l’Europe (1985)


Mais à bien y regarder, les corridas de Dali n’avaient rien d’enchanteur. Ses images illustraient des séquences sanglantes de querelless et de combats de coqs, en plus d’ une «Tête d’Europe» déconfite et cabossée.

Cela s’est passé le 12 juin 1985, il y a 27 ans jour pour jour. Mais il y a aussi l’autre toile, particulièrement éloquente :

Enlèvement topologique d’Europe / la Série des Catastrophes (Dali, 1983)


"L'Enlèvement topologique d'Europe, Hommage à René Thom (Dali, 1983)

Deux années auparavant, le surréaliste catalan avait créé à Pubol une autre œuvre (peu connue), intitulée : «Enlèvement topologique d’Europe – Hommage à René Thom» (Dali, 1983). Il s’agit donc d’une toile tardive, qui faisait partie de la «Série des Catastrophes» ! L’analyse de la toile m’avait amené à un constat troublant. La fracture profonde, qui traverse le tableau telle une cicatrice, correspond exactement au tracé tourmenté de l’autoroute A9 «la Catalane», qui relie Narbonne à Perpignan pour se diriger vers l’Espagne (*). C’est ici que passe tout le trafic des échanges commerciaux de l’Espagne avec les autres pays de l’Union Européenne. Le dernier confident de Dali, Antonio Pitxot, m’avait assuré en 1984 que le peintre avait réalisé la toile en mars 1983 à Pubol sur inspiration intuitive et sans la moindre aide cartographique.

Le défilé géopolitique de 66600 Salses

Des événements étranges sont venus confirmer le formidable flair divinatoire de Salvador Dali. Le topo prémonitoire de « l’enlèvement topologique d’Europe» a trouvé une illustration politique à travers la chute du président tchèque de l’UE 27 Mirek Topolánek, débarqué le 24 mars 2009 par le Parlemenr de la République tchèque, avant la ratification du Traité de Lisbonne.

L’appel à l’aide de l’Espagne du 9.6.2012. Depuis des semaines, on redoutait que l’Espagne, dégradée par l’agence de notation Fitch, allait suivre la voie désastreuse de la Grèce. Placé au cœur de la crise, le gouvernement de Madrid a fini par céder à l’ inquiétude des marchés financiers et aux pressions d’Obama et des Etats européens. Le 9 juin 2012, le gouvernement de Mariano Rajoy a enfin accepté de l’Eurogroupe une aide colossale de 100 milliards d’€ pour renflouer les banques espagnoles menacées. L’Euro est-il sauvé ? Pas sûr. Ni les marchés, ni les Espagnols ne sont rassurés. A Madrid, les "Indignados" sont revenus depuis le 15 mai 2012.

L’avenir de la zone euro dépend du résultat des élections législatives grecques du 17 juin 2012. A suivre… ●

12-06-2012 Roger Michel ERASMY

(*) Ce montage figure dans mon nouveau livre «Visions d’un Monde nouveau / Dix prophéties de Dali» (paru le 25 avril 2012)