2008 : Explosion de l’Apothéose du Dollar


En créant en 1965 le tableau monumental "L'Apothéose du Dollar", Salvador Dali s’est affirmé, une fois de plus, comme le grand Maître de l’Art divinatoire. Les preuves historiques sont désormais irréfutables. Car les événements troublants de la première décennie du XXIe siècle ont apporté aux visions prémonitoires du peintre extralucide de troublantes certitudes. Des attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center à la fracassante dégringolade de Wall Street en 2008, les projections apocalyptiques de la toile emblématique de «L’Apothéose du Dollar» ont tenu leurs redoutables promesses. Ah ! si New York nous était compté….


Antonio Pitxot avec l'auteur Roger Erasmy devant "L'Apothéose du Dollar"

15 septembre 2008. A New York, la banque Lehmann Brothers annonce sa faillite. L’Amérique tremble, ébranlé dans ses fondements identitaires. Car il s’agit d’un événement majeur, que l’Histoire retiendra comme la date-clef du début de la plus importante crise financière depuis la Grande Dépression de 1929. Lehmann Brothers fut une institution multinationale centenaire, spécialisée dans le capital-investissement. A Wall Street, l’effondrement de ce géant de la finance résonnait comme un coup de tonnerre. La réaction en chaîne déclenchée sur l’ensemble de la planète par la chute de l’importante banque privée américaine marquait l’échec d’une certaine forme de capitalisme, basée sur la déréglementation des marchés et la mondialisation des échanges économiques.

La crise financière avait connu de sérieuses alertes dès le mois d’août 2007, quand des économistes avisés ont fait part de leurs inquiétudes relatives à l’ampleur des engagements pris par les établissements financiers sur les «subprimes», prêts hypothécaires à risque. La crise des «subprimes» émis aux Etats-Unis allait mettre le feu aux poudres du marché immobilier en entraînant l’explosion du système financier par un enchaînement de faillites bancaires et de déroutes économiques.

Quatre années après la parution de mon livre prémonitoire consacré à «L’Apothéose du Dollar» - en mai 2004, à l’occasion du Centenaire Dali - la catastrophe annoncée s’est donc produite sous forme d’explosion planétaire. Dans mon ouvrage révélateur, j’avais expliqué les menaces que l’inquiétant George W. Bush faisait courir au monde. Finalement, la guerre en Irak fut ruineuse et humiliante pour le prestige de la superpuissance américaine. En plus, la fin du mandat de Bush coïncidait avec le début de la crise financière. En obéissant mordicus aux principes libéraux défendus par le Parti républicain, l’ancien président américain avait aggravé les tendances désastreuses. La glorification du dollar pratiquée aux Etats-Unis a fini par produire des effets pervers. On dit que l’argent et le diable n’ont pas de repos.

George W. Bush avait choisi de diminuer les impôts des riches – à savoir les généreux donateurs de ses campagnes électorales - avant d’essayer de faire des Etats-Unis une nation de propriétaires. Cette politique à courte vue a eu des conséquences incommensurables. Les banques américaines ont prêté massivement de l’argent à des ménages non solvables. Confrontés à des taux révisables qui montaient en flèche, des milliers de ménages se trouvaient rapidement dans l’impossibilité de rembourser. Leur emprunt immobilier explosait. La crise des «subprimes» s’est soldé par d’innombrables expulsions, saisies et reventes, orchestrées dans la précipitation par les banques paniquées. Le marché immobilier fut rapidement saturé et les prix chutaient, engendrant des conséquences effroyables.

Trois années après ce séisme financier et malgré de centaines de milliards de dollars injectés par les Etats dans le système bancaire ébranlé, la crise immobilière n’est toujours pas terminée. En tout état de cause, le 15 septembre 2008 restera le signal historique de l’ébranlement du capitalisme, qui fut marqué par l’effondrement de Wall Street et des bourses mondiales, suivi de faillites industrielles considérables, d’invraisemblables déficits des finances publiques, d’endettements abyssaux et de centaines de milliers de suppressions d’emplois. Aujourd’hui, en 2010, le problème n’est pas résolu.

La toile monumentale de «L’Apothéose du Dollar» de Dali constitue d’abord une illustration éloquente des deux guerres meurtrières menées successivement par George Bush père et son fils «W» dans le désert d’Irak dominé par les tuyaux du pétrole. (Revoir la reproduction du tableau en pages 156 / 157). L’intervention brutale lancée le 19 mars 2003 en Irak par George W. Bush - malgré l’opposition de l’ONU - a coûté au moins trois mille milliards de dollars, selon les estimations du Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz. La victoire militaire sur l’armée de Saddam Hussein ne fut qu’une formalité. Mais le conflits confessionnels entre les chiites et les sunnites causèrent une situation chaotique dont le pays pâtit cruellement. La guerre en Irak a causé la mort de 4.414 soldats américains et fait plus de 100.000 victimes civiles. La dernière brigade de combat américaine s’est retirée le 19 août 2010, laissant 50.000 soldats chargés de former l’armée et la police irakiennes, alors que les attentats suicides reprenaient de plus belle. Bagdad reste la ville la plus dangereuse du monde.

Le bilan de George W. Bush est globalement désastreux. Réélu le 2 novembre 2004 d’une manière triomphale avec 3,5 millions de voix d’avance sur le démocrate John Kerry, le 43e président des Etats-Unis se flattait du capital politique gagnée qu’il promettait d’investir dans de profondes réformes, qui n’ont jamais vu le jour. La guerre agressive menée contre le terrorisme et la crise irakienne ont eu comme principal avantage le fait de masquer le lamentable bilan politique et économique de l’administration Bush. Les réalités afghane et irakienne sont venus prouver que «W» n’a pas gagné sa ruineuse croisade contre le terrorisme. Le chef d’Al-Qaida Oussama Ben Laden n’a pas été capturé et en Afghanistan, les insurgés talibans mènent toujours la vie dure aux forces d’occupation envoyées par les U.S.A. et la coalition internationale.

La légèreté de la gestion du cyclone Katrina, qui a fait 1.500 morts et détruit 77.000 logements en Louisiane en août 2005, a retourné l’opinion américaine contre ce président superficiel et hâbleur. Bush a atteint des records d’impopularité à la fin de son second mandat, qui s’est achevé en janvier 2009 en pleine crise économique et financière. Lors d’un sondage sans équivoque indiquant que 25 % des citoyens considèrent son action comme positive, les Américains ont désigné George W. Bush comme le pire président de l’histoire des Etats-Unis.

«L’Apothéose du Dollar» de Salvador Dali annonçant les guerres en Irak fut doublée d’un clin d’œil symbolique vers l’Afghanistan. Car le tableau prémonitoire créé en 1965 par le visionnaire catalan représente une vaste mise en scène éloquente annonçant des bouleversements historiques. Examinez de près la composition méthodique de cette œuvre prophétique. Parmi les figures représentées dans l’immense toile, il y a le fumeur d’opium (d’Afghanistan), le monarque Louis XIV (alias Nicolas Sarkozy) maquillé en joueur d’échec. Ils sont entourés de Goethe, esprit éclairé de la culture allemande, de Vermeer de Delft, de Don Quichotte et de l’imposant personnage mythologique de Hermès, messager grec autant que Dieu des voleurs. Bref, tout le gotha culturel de l’Europe désunie est rassemblé ici. Dans l’œuvre révélatrice de Dali, l’Hermès constitue un préavis prémonitoire de la faillite de la Grèce, qui a tant ébranlé la zone Euro au printemps 2010 sur fond de comptes publics truqués et de corruption généralisée. La monnaie unique avait soudain chuté face au Dollar, passant en quelques semaines de 1,51 à 1,19 en juin 2010. L’Union Européenne a mis longtemps à réagir. Ce n’était qu’un avertissement ….

Gala Dali et Béatrice de Dante réunies dans "L'Apothéose du Dollar"

Au demeurant, «L’Apothéose du Dollar» de Dali met également en image un couple paradoxal composé de la perverse Gala posant nue en compagnie de la vertueuse Béatrice de Dante. A elles deux, ces mystérieuses figures angéliques incarnent une sortie de crise tardive, qui est inscrite dans les arcanes des cent chants oniriques de la Divine Comédie de Dante. L’œuvre divinatoire de Salvador Dali a de bonnes sources.

En attendant la flamboyante Renaissance socio-culturelle pressentie par le clairvoyant peintre-prophète de Cadaquès, la crise mondiale se poursuit dans la plus totale des incertitudes, malgré les efforts inlassables du président Barack Obama, qui a succédé à George W. Bush le 20 janvier 2009, conformément aux visions de Salvador Dali.

P.S. Dans le pays le plus riche du monde, un Américain sur sept vit au-dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 21.954 dollars (environ 16.500 euros) de revenus annuels pour une famille de 4 personnes. Plus d'un quart des Noirs et des Latinos vivent dans la misère. L'économie américaine est à genoux et la souffrance atteint des niveaux historiques. La semaine dernière, le New York Times a écrit que "les leaders de notre société semblent inconscients de la destruction massive infligée par le terrible orage économique, qui a dévasté l'Amérique". Le parti d'Obama se prépare à une grave défaite lors des élections législatives de novembre 2010. Bientôt la fin du rêve américain. Salvador Dali a pressenti la grande rupture des Etats-Unis, illustré dans le tableau "Allégorie d'Amérique".

Roger Michel Erasmy