Dali-Berlin (1) : les repères du Destin

Le stupéfiant parcours de Salvador Dali est greffé sur l’Histoire. Les faits sont irréfutables. La guerre civile de 1936 / 1939 avait poussé l’artiste à fuir l’Espagne pour vivre successivement en France, aux Etats-Unis, en Italie et à Monaco, puis de nouveau à Paris. Le déclenchement de la 2e guerre mondiale allait faire basculer le destin du peintre universel. Installé à Arcachon, loin du front des hostilités, le couple Gala-Salvador Dali dut se résoudre à prendre une décision fondamentale quand les bombes allemandes sont tombées sur Bordeaux. En juin 1940, les Dali ont choisi de quitter l’Europe pour s’exiler pour huit ans en Amérique du Nord. Ce long séjour outre-atlantique forcé allait bouleverser la carrière du génial surréaliste catalan.

Les USA furent à l’origine de la gloire planétaire de Dali. Sa déli-rante imagination fascinait les Américains, mais l’essentiel de son œuvre prémonitoire concernait des visions sur le devenir du monde. Les tableaux à message politique créés depuis les années 1930 impliquent une stupéfiante galerie de figures historiques, qui ont marqué l’Histoire du XXe siècle. L’apparition révélatrice de Lénine, Trotski, Hitler Eltsine, etc, donne à la peinture dalinienne une incontestable dimension prémonitoire.



Salvador Dali est le grand Maître de l’Art divinatoire. Des signes éloquents confirment cette vocation surnaturelle.


BERLIN + ROSTROPOVITCH : LES BALISES DU GENIE PROPHETIQUE



Voici une indication concrète, palpable, objective, qui apporte à la prédestination du peintre-visionnaire une nouvelle crédibilité surnaturelle. Figueras, ville natale de Salvador Dali (35.000 habitants), est liée avec Berlin depuis 1979. Ratifié en 1988, cet étrange traité d’amitié avec l’immense district de Berlin-Neukölln a pris en 1989 une épaisseur historique inattendue. Berlin-Neukölln est situé le long du «Mur de la honte» érigé le 13 août 1961 par la République démocratique allemande (RDA). Dali est mort le 23 janvier 1989 à Figueras dans les conditions exactes annoncées un an auparavant. La chute du Mur de Berlin est survenue le 9 novembre 1989 d’une manière inespérée, quasiment miraculeuse et sans effusion de sang.

La chute du «Mur» a marqué le début de la désagrégation du bloc communiste. Le pacte de Varsovie allait se désintégrer rapidement, précédant la fin subite de l’empire soviétique fondé par le leader bolchevique Lénine, auquel Dali avait consacré tant de toiles énigmatiques. Il fallait en décoder le symbolisme révélateur.

Le 9 novembre s’inscrit dans la lignée des grandes dates marquées par l’Histoire : 9-11-1799 : 18 Brumaire an VIII, coup d’Etat de Bonaparte; 18-11-1918 : proclamation de la République de Weimar; 18-11-1923 : putsch d’Adolf Hitler, et aussi le 18-11-1970 : mort du général De Gaulle. On finira par comprendre que l’ Histoire est conforme à une subtile planification et que le peintre-messianique Salvador Dali est l'instrument privilégié de la Providence, chargé de mettre en images le formidable scénario d’un futur inespéré.

Un autre repère culturel vient renforcer la relation divinatoire de Dali avec la chute du Mur de Berlin. Au lendemain de l’événement, 10 novembre 1989, le célèbre violoncelliste Mstislav Rostropovitch, accouru depuis Paris avec son Stradivarius (mais sans chaise), jouait du Bach au pied du Mur sous les applaudissements des premiers démolisseurs. «Rostro» avait quitté l’Union Soviétique en 1974 pour s’exiler aux Etats-Unis. En 1978, il avait été privé de sa nationalité russe du fait de ses prises de position fermes contre l’URSS.



Or, Mstislav Rostropovitch était proche de Salvador Dali, qui l’avait nommé administrateur de la Fondation Dali, créée le 27 mars 1984 à Figueras. Comme par hasard, «Rostro» était né à Baku le 27 mars 1927. Dont acte. Plus troublant encore est le fait que Dali avait réalisé en 1983 à Pubol plusieurs toiles tardives réunies sous l’appellation significative «Série des Catastrophes». Ces œuvres maladroites sont essentiellement structurées autour d’un violoncelle et d’une chaise malmenées. La toile «guerrier sur un éléphant terrassant un violoncelle» est particulièrement révélatrice par rapport au destin personnel du virtuose Rostropovitch, chassé par les monstrueux dirigeants communistes.

L’œuvre de Dali comporte d’autres murs désintégrés. Le Mur de Berlin a modifié le cours de l’Histoire. Le mur de Wall Street a été sérieusement ébranlé en 2008. A bientôt la fin du capitalisme financier ■ A suivre ...

18 octobre 2009 ● Roger Michel Erasmy, auteur du «Codex Dalianus» ● www.dali-visions.dali-code.com