Si, Dali avait raison !

La preuve par l’automobile (en crise aiguë)


L’automobile a été pour Salvador Dali un sujet récurrent de fascination et d’inquiétude. Lui-même ne savait pas conduire. Il avait également peur de l’avion. Dès son exil aux USA dans les années 1940, le peintre confiait à son épouse Gala le volant de sa rutilante Cadillac pour effectuer le trajet New York – Los Angeles par la Route 66, quand il négociait avec les studios de Hollywood.

1° Visions de l’automobile fossilisé. Avant la Renaissance.

"Apparition de la Ville de Delft" (Dali, 1936)

Pendant la grande époque du Surréalisme historique, l’intuition irrationnelle du génial peintre catalan avait produit plusieurs toiles révélatrices, dont on comprend aujourd’hui le caractère prémonitoire. «L’automobile fossile du Cap de Creus» de 1936 comme la «Solitude paranoïaque-critique» et surtout l’«Apparition de la ville de Delft» illustrent des visions éloquentes mettant en scène la ruine de la voiture automobile, source de pollutions majeures de l’environnement. L’œuvre montre une voiture dégradée, plantée derrière les gardiens de l’ordre abattus. Au fond apparaît la ville de Delft, qui a vu naître en 1632 Vermeer, subtil peintre d’un art de vivre disparu. Le message prophétique est clair. Dali annonce un nouvel Age d’Or, bâti sur la Renaissance des valeurs fondamentales. L’effondrement de la société de consommation est une chance inespérée pour mieux vivre autrement..

2° L’automobile, principale victime de la crise économique

Aux Etats-Unis, on a compris dès l’automne 2008 que le sauvetage de l’industrie automobile était prioritaire. Le Président Obama a hérité le 20 janvier 2009 du chaos économique laissé par l’Administration Bush. Les scénarios-catastrophes relatifs au secteur automobile annonçaient une perte de 2,5 millions d’emplois. Industriellement déphasés, laminés par la concurrence japonaise, les géants de l’automobile se trouvaient au bord de la faillite. Le rêve américain s’effondrait. Le premier plan de relance américain exigeait des restructurations draconiennes, mais vaines. Chrysler a trouvé dans un mariage de raison avec Fiat une alliance providentielle. Le 1er juin 2009, la GM (General Motors) – numéro 1 mondial depuis 77 ans – a fini par déposer le bilan en annonçant un changement de stratégie radical sous le contrôle de l’Etat, qui détiendra 60 % du capital en échange d’une aide de 50 milliards de dollars. La GM a commencé par se débarrasser de ses marques ruineuses. Les énormes 4x4 Hummer, si gourmands en carburant (30 L aux 100 Km) et devenus invendables aux USA, ont été cédés le 2 juin au groupe chinois Sichuan. Opel a été racheté par l'équipementier canadien Magna, associé à un groupe russe. Le 6 juin, le Président Obama s'est promené dans les rues de Paris et sur les plages de Normandie dans sa nouvelle limousine blndée baptisée "Cadillac One". Le secteur automobile est devenu fou.

Où allons-nous ? La France est gravement touchée. Face au tremblement de terre, Nicolas Sarkozy a annoncé en décembre 2008 un premier plan de soutien de la filière automobile en échange du maintien des emplois en France. La prime à la casse a permis de solder au rabais le stock des voitures polluantes. Tant pis pour le Grenelle de l’environnement.. Fin mars, la famille Peugeot a débarqué sans ménagement Christian Streiff, patron de PSA. Chez Renault, Carlos Ghosn a reconnu ses inquiétudes à propos du bouleversement fondamental du paysage automobile. Les fabricants de pneumatiques réduisent la voilure. Continental fermera son site de Clairoix dans l’Oise. Après le plan social de Good Year à Amiens (820 licenciements), Michelin vient d’annoncer la suppression de 1.093 postes pour 2010. La nouvelle hausse du prix du pétrole (+ 30 % depuis le début de 2009) promet des lendemains difficiles. Il faudra ré-apprendre à vivre avec la récession.


3° l’automobile : objet d’Art décoratif


La première Cadillac de Dali, devenue objet décoratif de son Teatro Museo de Figueras (1974)

En 1941, Salvador Dali avait proposé aux Américains d’habiller leurs limousines pour en faire des objets décoratifs. Le peintre a lui-même donné l’exemple en installant dans le patio de son délirant Teatro-Museo de Figueras sa première Cadillac (groupe GM) transformée en «taxi pluvieux». Sa toute dernière Cadillac, immatriculée à Monaco, se trouve depuis les années 1990 au château-mausolée de Pubol, placée sur un support artificiel fixe, telle un monument surréaliste. L’Art ne pollue pas. Sa vocation est de nourrir l’imaginaire. Une délirante révolution socio-culturelle à suivre…




"Deux Cadillac" ou "Automobiles habillées" (Dali, 1941)

24 juin 2009 ● Roger Michel Erasmy, auteur du «Codex Dalianus» ● www.dali-visions.dali-code.com