BENOÎT XVI CONTRE LES MANTES RELIGIEUSES


On connaît la relation hypocrite que l’Eglise de Rome entretient avec les questions liées à la sexualité. La défense intransigeante du mariage et de la chasteté comme prévention de la pandémie du sida constitue une option polémique indéfendable. L’élection du Pape Benoît XVI a aggravé l’aveuglement conservateur à l’égard des réalités sexuelles du XXIe siècle. A l’occasion de son récent voyage au Cameroun (17 mars 2009), le souverain pontife a précisé sa position sur la contraception : «La distribution de préservatifs n’est pas une solution, … cela ne fait qu’augmenter le problème ! » Il faut savoir que 22 millions d’Africains vivent avec le virus du sida VIH. Dix jours plus tard, Mgr André Fort, évêque d’Orléans, en rajoutait en affirmant que les capotes sont poreuses : «la preuve est faite que le préservatif n’est pas une garantie à cent pour cent contre le sida». Devant les protestations des scientifiques, l’évêque reconnut son erreur.

Dans la lutte contre le sida, le retard du Vatican est tragique. L’état d’esprit dogmatique et borné pose même la question de la crédibilité de l’enseignement catholique. Les sondages d’opinion ont révélé fin mars 2009 que seulement 23 % des Français ont une bonne opinion du Pape contre 65 % en septembre 2008, à l’occasion du voyage de Benoît XVI à Paris et à Lourdes. 47 % souhaitent aujourd’hui son départ.

1° L’Immaculée Conception, version surréaliste

Le dogme abscons de «l’Immaculée Conception» constitue une des explications religieuses de la popularité du Sanctuaire de Lourdes. Cette «vérité fondamentale» de la doctrine catholique s’appuie sur la notion ancestrale du «péché originel». En marge du voyage de Benoît XVI en France, j’ai commenté deux œuvres significatives de Dali, qui apportent aux étranges préceptes de l’Eglise une nouvelle interprétation. Pour les Surréalistes, L’Immaculée Conception (illustrée en 1930 par Dali) a suscité la redéfinition des 32 positions de l’amour sexuel. Quant au Péché originel, Salvador Dali en a réalisé en 1941 une vision érotique conçue autour du «pied» de Gala. Voir les communiqués N° 19 et N° 20 de septembre 2008.

Le péché originel" (Dali, 1941)

Au-delà des tabous, le Rome continue à imposer des règles absurdes, notamment en matière de comportement sexuel. Lors de son premier voyage en Amérique latine, Benoît XVI avait relancé la rengaine de l’abstinence et de la chasteté. Le 10 mai 2007, il a rencontré à Sao Paolo le président Lula da Silva, puis les prélats de l’Eglise du Brésil pour prier. Un détour par les plages de Copacabana aurait pu lui donner une perception plus concrète des tendances érotiques de notre époque et des envies sexuelles des Brésiliennes. Face au problème du sida, l’Eglise catholique continue à prêcher «l’humanisation de la sexualité», limitée à l’amour conjugal et à la fidélité. On croit rêver. L’isolement des pontifes célibataires et misogynes du Vatican entraîne une ignorance inquiétante des questions fondamentales de la société contemporaine. Le voyage pontifical entrepris par Benoît XVI aux USA en avril 2008 l’avait contraint d’avouer sa honte devant le grave problème de l’homosexualité dans le clergé américain, dont 4.392 prêtres et 13 évêques étaient suspectés de pédophilie. Le malaise est profond. Mais le vieux Pape réactionnaire (82 ans le 16 avril 2009) ne changera plus de doctrine.

2° l’épanouissement érotique des Femmes : la fin des tabous

L'Angelus" (mante religieuse)

Heureusement, les intuitions libératrices de Salvador Dali amènent à la sexualité des visions révolutionnaires, toutes féminines. Reproduit 64 fois dans son œuvre, «L’Angelus» de Millet montre, selon le peintre-prophète, une mante religieuse, qui attend son heure pour écraser l’homme. Ce troublant bouleversement socio-culturel trouve une autre illustration éloquente dans «le cabinet anthropomorphique», où Dali annonce une mutation insoupçonnée de la libido de la femme. Inspirés par les découvertes de Sigmund Freud, les tiroirs greffés sur le corps épanoui de la créature allongée symbolisent une large ouverture voluptueuse de l’âme féminine. Au fond du tableau, en haut à droite, le peintre a reproduit une scène d'une autre époque : des bigotes coincées, habillées de noir, qui se rendent à l'église. Décidément, les temps ont changé. Plus que jamais, la femme (libérée) est l'avenir de l'homme.


"Le cabinet anthropomorphique" (La cité des tiroirs), Dali 1936

La Religion des Anges ébauchée par le devin Dali correspond à l’émergence d’une future «génération angélique de type narcissique». L’Eglise de Rome devrait méditer la maxime freudienne diffusée par Dali : «Le jour où sera aboli le péché originel, la guérison des âmes aura lieu !».

9 avril 2009 (Jeudi Saint), Roger Michel Erasmy